Oui, le titre du dernier ouvrage des duettistes Cahuc et Zylberberg est choquant, outrancier, injustifié, peu élégant, inutilement provocant et attise la polémique.
Oui, c’est un plaidoyer pro domo manquant de subtilité contre les économistes alter, attérrés, hétérodoxes, non mainstram.
Oui, sa foi d’une naïveté presque confondante dans la méthode scientifique appliquée à l’économie est troublante; alors qu’un peu de prise de distance ou tout simplement de mesure aurait pu aider à faire passer son message
Oui, c’est écrit à la serpe, et même pour un essai d’économie c’est quand même très lourd, parfois redondant, ressassant les mêmes thèmes sur une durée pourtant courte.
Et pourtant, je l’ai lu en quelques heures, j’ai été emporté par cette plume alerte, par cette soif de conviction, par cette envie de prouver à tous, et à vrai dire parfois par cette mauvaise foi dont Cahuc et Zylberberg font preuve.
Dans leur vision parfois schématique des dernières avancées de l’économie, les 2 auteurs marquent quand même des points, assez souvent même.
Par exemple en soulignant que l’économie n’est pas qu’affaire d’opinion, et qu’à un moment elle doit se confronter avec le réel; et que ceux qui ne le font pas sont suspects à bien des égards.
Ou encore en rappelant que des études corroborées par de nombreuses autres études, auteurs, avec des données vérifiables, ont plus de valeur que des rapports de hauts fonctionnaires ou de grands patrons, aussi prestigieux soient-ils.
Enfin, en rappelant que l’économie n’est pas une discipline inamovible, mais que le formidable bond en avant des méthodes quantitatives et mathématiques doit être intégré en tant qu’apport majeur; et pas comme une curiosité méthodologique.
Néanmoins, et ça doit être mon côté centriste, je suis persuadé que le message serait tout aussi bien passé avec un titre moins choc, avec des phrases moins abruptes, et avec un peu plus de thèses développées et un peu moins de slogans pour chaîne d’info en continu.