Après avoir écouté sur Youtube « Enchantements », le dernier concert de l’ONL diffusé samedi soir, on ne voit pas bien comment on pourrait un jour revenir en arrière, et on se demande même pourquoi il a fallu une crise sanitaire pour en arriver là.
De quoi parle-t-on ? Samedi soir, l’Orchestre National de Lille avait invité la cheffe finlandaise Dalia Stasevska, pour un beau programme consacré d’un part au compositeur finlandais Sibelius ( sa belle Valse triste en introduction, sa 3ème symphonie en pièce principale). Il paraît que c’était l’entrée de ces 2 morceaux au répertoire de l’ONL, ce qui est étonnant après 40 ans de programmation ! Entre les 2, pour lier le tout – et aussi parce que c’est un sommet de la musique classique, la Prélude et la Mort d’Isolde de Wagner, une pièce magique et enivrante.
Bref, ce soir, tranquillement installé sur mon canapé, j’ai pu profiter de la captation faite de ce concert enregistré sans public, dans les conditions du direct, et diffusé samedi soir à 20h, le créneau de diffusion des nouveautés de l’ONL. Et en prime, le Liesbestod de Wagner est sous-titré en français, et le programme est disponible en pdf. Ces 54 minutes étaient un vrai plaisir, et donc on se demande vraiment comment, le jour où les salles de concert réouvriront, l’ONL et tous les orchestres qui se sont mis à la captation et la diffusion pourront revenir en arrière. Il y a 1800 places au Nouveau Siècle, la vidéo de ce programme en est déjà à 1400 vues en 2 jours, et celle de la semaine dernière à 2900. Le succès est bien sûr au rendez-vous. Evidemment, on a hâte de retrouver le plaisir, l’intensité, la communion qu’on vit dans une salle de concert. Mais, en attendant, et surtout en complément, en rattrapage, ou simplement pour la commodité, la diffusion des captations des concerts me semble devoir devenir un standard.
Et à bien penser, ce n’est que normal. Cet orchestre est financé à 100% ou presque par des fonds publics; que les places soient payantes pour les représentations physiques est tout à fait normal et important pour l’équilibre économique de la formation; mais que la diffusion en vidéo soit gratuite pour tous me semble maintenant un acquis. C’est même appelé à devenir une partie importante du rayonnement d’un orchestre, sa capacité à réaliser des captations de qualité, à les mettre en scène, à y apporter de la valeur ajoutée, à fédérer une communauté de mélomanes et assurer ainsi une 2ème vie à sa programmation. De toute façon, le modèle économique ne saurait en souffrir, et à part pour quelques orchestres ultra prestigieux de niveau mondial, l’abonnement ou la diffusion payante des concerts de l’ONL est une vue de l’esprit. En revanche, complémenter ces diffusions de bonus, de contenu pédagogique, de liens divers est indispensable. Le programme de concert est peut-être adapté à la feuille qu’on distribue aimablement à l’entrée en salle, mais l’accompagnement d’une vidéo pourrait être différent et bien plus riche.
En tout cas, on peut néanmoins se féliciter d’un tel volontarisme de l’ONL sur la diffusion de ses concerts, un rapide tour d’horizon des orchestres nationaux en région montre que peu s’y sont vraiment mis, et quasiment aucun avec le côté régulier et systématique de l’ONL. Un bel engagement pour garder le lien avec son public, et peut-être aussi se constituer petit à petit un nouveau public ?
On réécoutera avec intérêt ce podcast de la Plaine Images avec François Bou, le directeur général de l’ONL, comme invité