C’est le genre de livre qu’on commence peut-être pour de mauvaises raisons (une star raconte les coulisses de la vie des stars ?), qui ne répond pas à nos attentes et propose tout à fait autre chose, et auquel on reste accroché jusqu’au bout, on ne sait pas trop pourquoi.
En effet, au lieu du livre de star classique, on trouve plutôt un mélange étrange et attirant de la vie sentimentale compliquée de Moby, de son addiction à l’alcool, de son véganisme militant, d’un passionné de musique qui vit de l’intérieur les grandes heures de la rave music du début des années 90, de la vie pas glamoureuse d’un New Yorkais issu d’une famille pauvre et qui n’en est jamais tout à fait sorti, d’un fêtard impénitent qui fut aussi un fervent catholique ; d’un musicien électro qui se pique de faire un album de punk metal. Bref, oui, Moby est bien plus complexe qu’on ne pouvait le croire et son livre le reflète bien.
Il échappe aussi, avec bonheur, à la structure de récit de « rise and fall and rise again » (« grandeur, décadence et résurrection ») à laquelle on pouvait s’attendre ; du genre après le tube mondial « Go », il galère, devient has been, se perd dans les excès, mais revient sur le devant de la scène avec ses emprunts gospels et blues de l’album « Play ». Non, décidément surprenant, Moby fait s’arrêter son récit en 97 ; ce qui ne l’empêche de continuer à nous raconter des histoires, des situations, des rencontres, des émotions ; et c’est là qu’il est le meilleur et qu’il nous retient. DJ d’une partie fine dans un loft new yorkais. En vacances à la Barbade avec une famille de chrétiens born again. En retard à l’enterrement de sa propre mère. Ou amoureux dysfonctionnel d’une jeune végane à qui il n’a rien à dire.
Et c’est cela qu’il reste à la fin du livre, cette envie de vivre, ce besoin de dire, ce destin bancal et incroyable, ce fondu du musique, qui passe avant toute chose pour lui. On a vraiment envie de lire Porcelain II, sur les années 97 et suivantes…
Un compte-rendu détaillé du livre sur Greenroom.fr