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Quand The Economist passe McKinsey à la sulfateuse

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C’est l’article qu’on ne s’attend pas à lire. The Economist, le journal de référence mondial des milieux économiques, n’est pas vraiment suspect de gauchisme ou d’anti-capitalisme primaire. Ils n’ont rien contre les consultants, ou les banques, ou les start-ups, mais en dissèquent numéro après numéro les débats, les enjeux, les perspectives.

photo Middle East Monitor

Cet article, qui attaque avec une rare violence une entreprise spécifique, est vraiment étonnant. A l’occasion de la révocation par ses pairs du patron de McKinsey, Kevin Sneader, le journal estime que l’entreprise souffre de « délire collectif », que ses employés sont « les plus suffisants de la place », et que, malgré les 575 millions de dollars que la firme va payer pour sa responsabilité dans la vague d’overdoses liées à la promotion des opioïdes et notamment de l’OxyContin aux Etats-Unis, aucune démarche de prise de recul n’est réellement enclenchée par une direction qui se voit plus comme des « missionnaires » que des « mercenaires », alors que selon le journal que la réalité est bien plus prosaïque.

Kevin Sneader, futur ex boss de Mc Kinsey. Photo Hemant Mishra / Mint

On pourra aussi faire un lien avec l’article du Monde du 5 février dernier, qui s’étonne de la présence de McKinsey dans la détermination et le déploiement de la stratégie de vaccination en France, et fait aussi la lumière sur les liens qui peuvent exister entre stratégie politique et intervention de « La Firme »…

Décevants suppléments du week-end

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Avec la perspective de quelques heures de train ce week-end, je m’étais muni vendredi soir des éditions week-end de 2 journaux, Le Monde et Les Echos. Couvertures et thèmes alléchants, les sneakers pour les Echos, « la beauté est un sport de combat » pour M Le Monde.

Les Echos sneakers

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu ce genre de suppléments, et je dois avouer ma déception en général devant ces articles et ces éditions du week-end. Les articles en question ne faisaient finalement que survoler les thèmes de manière assez convenue, et n’allaient pas au fond des choses. Sur les sneakers, c’était plus une liste des différents modèles les plus vendus et un commentaires des chiffres d’affaires des différents fabricants, mais guère plus de contenu. Sur les clubs de gym (le thème de « la beauté est un sport de combat »), c’est encore pire, la journaliste du Monde a participé à quelques cours de cross fit et autres boot camps et en a retiré quelques vagues impressions, mais ne va pas vraiment au delà, alors qu’il y aurait eu tant à dire sur cet appétence pour des cours quasi militaires et la dévotion des participants, sur cette « addiction socialement valorisée » que constitue le sport…

Le Monde Mag

Même impression de rester à la lisière du sujet pour celui sur le Cirque du Soleil, qui n’est guère plus développé que le dossier de presse qu’a dû recevoir le journaliste à l’occasion du passage du nouveau spectacle de la multinationale du cirque à Paris; ou encore pour celui sur le yoga en entreprise. La déception est d’autant plus grande que les choix de thèmes sont bien vus, à la fois dans l’air du temps et potentiellement révélateurs de bien d’autres aspects.

Il ne manque pas grand chose pour que ces suppléments week-ends soient passionnants. Peut-être un peu moins d’articles, un peu plus longs, et un peu plus de temps pour les journalistes..?

25 ans après, je relis The Economist…

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LE logo

LE logo

C’était à l’origine, il y a bien 25 ans, une lecture chaudement recommandée par un professeur d’anglais, doublée de la curiosité pour un point de vue anglo-saxon et cet étrange chose qu’on appelle libéralisme, et un intérêt pour les affaires internationales et les actualités business dont on parlait alors assez rarement dans la presse française…Oui, la lecture de The Economist a bercé mes années étudiantes. Et puis tout passe, tout lasse, le temps de lecture diminue parfois, d’autres propositions étaient plus attractives, j’ai arrêté de le lire après quelques années, n’y retournant que ponctuellement, en particulier pour les formidables doubles numéros de Noël, à l’incroyable variété des centres d’intérêt et à la fantaisie rigoureuse toute anglo-saxonne…

Depuis quelques semaines, à nouveau chaque samedi The Economist arrive dans ma boîte aux lettres. Lassitude de la presse française, lassitude de son journalisme de connivence, marre de lire tout le temps les mêmes choses, fatigué de lire les petites phrases et leurs commentaires, j’avais envie de faire un pas de côté dans mes lectures; bref je me suis réabonné. Et j’en suis ravi.

 

Vladimir Poutine en couverture

Vladimir Poutine en couverture

J’ai retrouvé avec plaisir ces unes si réussies, parfait exemple du bon dessin qui vaut mieux qu’un long discours. J’ai retrouvé ce point de vue libéral anglo saxon si typique, parfois parfaitement exaspérant, parfois très lumineux, parfois étrangement tourné, parfois caricatural, mais toujours parfaitement informé, brillamment structuré, et qui ne laisse jamais indifférent.

J’ai retrouvé, à mon grand étonnement une maquette et des rubriques qui n’avaient quasiment pas changés depuis 25 ans : les éditos, l’Angleterre, l’Europe, l’Amérique, le reste du monde, le Business, la Finance, Sciences et Technologies, et Livres et arts (on ne dit pas « culture » dans The Economist…). La même typographie, austère et élégante à la fois. La même (non) couleur. « Trop de couleur distrait le spectateur », comme le disaient Les Inrockuptibles première époque. J’ai redécouvert cette politique stricte et si peu française d’anonymat des journalistes, aucun papier du journal n’est signé, sauf – et ça tombait ma première semaine de lecture – l’édito de départ du rédacteur en chef, qui partait après 8 ans de bons et loyaux service.

J’ai aussi et surtout, plaisir coupable, retrouvé cette langue magnifique, cet anglais nuancé, au vocabulaire riche, aux formules si frappantes et si idiomatiques. Oui, trouver dans un seul article pris au hasard l’adverbe « churlishly » (ça veut dire bourru, et c’est tellement anglais qu’une amie américaine ne connaissait même pas l’adjectif…) ou l’expression « to kick the can down the road » (quelque chose comme « reculer pour mieux sauter » ?), pour ceux qui aiment et apprécient l’anglais, c’est précieux.

Bref, c’est parti pour une année de lecture so british !

The World in 2015

The World in 2015

L’Opinion, de Nicolas Beytout

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Il y a maintenant une semaine sortait un nouveau quotidien, événement suffisamment rare pour qu’on en parle et qu’on revienne dessus.

Le modèle choisi par Nicolas Beytout, ancien directeur du Figaro et ancien directeur de la rédaction des Echos, est un hybride web + papier. Son raisonnement est assez convaincant sur le fait que, même pour les quotidiens les plus avancés sur le web, le papier représentent encore 80% de la diffusion, un chiffre d’affaires plus que substantiel et (à demi mots) des rentrées publicitaires sans commune mesure avec celles du web.

Il annonce un modèle rentable à 50000 abonnés dans 2 ou 3 ans, et un besoin de financement de 40 M€. Quand même. En tout cas, bonne chance à lui.

Sur le fond, Beytout, fidèle à lui-même, met en avant un positionnement « libéral, européen, pro-business » (dont on pourrait gloser sur le fait qu’au fond, il s’agit de 3 synonymes) et uniquement sur les sujets Politique / International  / Economie. Mais cela a tout l’air d’être un positionnement marketing, un effet d’annonce.

Ce qui me semble plus intéressant, c’est le recrutement que Beytout a opéré. Concrètement, il a sorti son carnet de chèques et a débauché des journalistes seniors de la place de Paris, certains en poste, d’autres pas. Il indique leur avoir tenu un discours du genre « arrêtez de gérer les états de vos équipes, les notes de frais ; venez chez moi faire le métier que vous aimez faire et uniquement cela ; et vous serez en plus bien payés ». Intéressant comme technique de recrutement J

Et qu’est-ce que cela donne sur le papier ?

Des 2 numéros que j’ai lu (le 1 et le 2…), la promesse est tenue, mais il me semble qu’elle est un peu courte.

La promesse est tenue au sens où l’on a en effet à faire à des articles sérieux, documentés, charpentés, bien écrits, qui ont le sens du contexte, de la formulation ; avec quelques « petits » scoops (la future cellule de rapatriement des exilés fiscaux…) qui prouvent que les journalistes ont leurs entrées dans les « milieux autorisés ». On apprécie aussi la signature des articles par le compte Twitter des journalistes, jolie invitation au débat et à l’échange.

Quelques petites fautes de goût aussi, comme ce « 30 décideurs donnent leur priorité sur la France », sans grand intérêt ; ou le portrait de René Ricol, inutilement flatteur. Quant à la promesse de débat ou d’échange, quelques tweets échangés sur le sujet et avec 2 journalistes cités m’indiquent que cette promesse n’est pas mensongère, mais qu’elle est encore grandement à développer et à améliorer.

On remarquera aussi l’absence quasi-totale d’infographie, alors qu’il  me semble que c’est une tendance forte, lourde et pertinente de la presse actuelle.

La promesse est néanmoins un peu courte, car finalement, les articles que j’ai le plus appréciés auraient pu se retrouver, dans la forme comme dans le style, dans les pages équivalentes du Monde ou du Figaro ; où pour un prix équivalent j’aurais aussi eu l’ensemble des domaines couverts, une mise en page un peu plus sexy, de l’infographie, des photos, etc.

La valeur ajoutée attendue de l’interactivité et du débat n’est pas encore présente ; péché de lancement peut-être, ou réelle incapacité à aborder ce sujet ?

En conclusion : le projet est intéressant, le pari est osé mais sensé et je souhaite qu’il réussisse ; je pense le suivre de loin en loin selon les unes, les articles et les thèmes abordés, mais dans les circonstances actuelles la valeur ajoutée par rapport aux quotidiens existants ne me paraît pas suffisante pour justifier d’un abonnement à 21 €.

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