Evidemment, ceux qui s’attendaient à un opéra « classique » ne pouvaient qu’être déçus. Comme expliqué dans le livret, Jan Fabre vise une « oeuvre d’art totale », et mélange donc joyeusement image, musique, chant, performance, théâtre, danse. On ne lui reprochera certainement pas son manque d’ambition.
Il faut reconnaître que Fabre a du talent, et sait remplir un plateau. La scénographie est maîtrisée et élégante, assez inventive (les cloches en verre), les jeux de lumière sont somptueux, les costumes à la fois simple et marquants, et avec finalement peu d’accessoires, il fait se succéder les tableaux. On peut « sentir » que tout cela est extrêment réfléchi, pensé, référencé, connoté (les 13 tableaux pour les 13 opéras de Wagner, etc.)
En revanche, 3 choses m’ont fait quitter la représentation avant la fin :
. le propos lui-même, sur la rencontre, l’amitié et la brouille entre Wagner et Nietzsche, est totalement incompréhensible et n’est que le prétexte à l’enchaînement de textes abscons, d’extraits de Wagner, le tout d’une obscurité totale et sans aucun fil conducteur saisissable par moi
. les provocations scéniques, marques de fabrique de l’auteur, sont à la fin répétitives, fatigantes et provoquent plus de la gêne pour leur utilisation massive que pour leur réelle force provocante. Disons qu’au bout du 3ème simulacre de viol en 2h, on se demande ce qui plaît tant que ça à Fabre pour l’inclure dans une réflexion sur Nietzsche et Wagner.
. au final, l’enchaînement de tableaux incompréhensibles, certes bien agencés et d’une vraie puissance visuelle, de provocations plutôt gratuites produisent un ennui profond, et on ne comprend pas bien pourquoi on devrait rester parqué 3h15 sur son siège sans pause à subir ce régime.
entièrement d’accord! Je suis restée jusqu’à la fin par curiosité et aussi pour voir la réaction du public. Pour constater finalement, une fois les lumières rallumées, que nombre de spectateurs avaient déjà quitté la salle!